Première parution: 20 janvier 2018
Modifié le 4 juillet 2021
Après la défaite des alliés en 1940 et l'évacuation vers l'angleterre des troupes à Dunkerque, les allemands récupérèrent un grand nombre de blindés anglais et français sur tout le territoire conquis, dont certains étaient inutilisables en l'état. Les plus endommagés furent démontés pour créer un stock de pièces détachées, les autres transformés par le Baukommando Becker, dans un premier temps en Allemagne dans les usines Alkett, pour être compatibles avec les munitions allemandes.
Il semble que la proximité, en région parisienne, des usines Hotchkiss et Renault, dont beaucoup de blindés français sortaient, la possibilité d'utiliser le début de la voie du "train des courses" qui longeait le camp militaire, la présence du champ de tir, les installations du camp "Galliéni", et la protection naturelle de la forêt, firent que Maisons-Laffitte fut choisie pour transformer ce matériel.
Il reste visible un quai de déchargement et plusieurs soubassements de hangars (40 m x 15 m) en forêt en bordure de cette ancienne voie ferrée et de la route des Pavillons (prolongement de la rue de la Muette), qui semblent être les restes de ces installations. Sûrement ce qui était désigné comme le "camp de la Muette" ?
Pas moins de 447 véhicules blindés, les "Beutepanzer", furent ainsi reconditionnés à Maisons-Laffitte, dont certains furent affectés à la 21 Panzer division, commandée par le Generallieutnant Edward Feuchtinger, qui s'opposa à l'avance alliée en Normandie avec ce matériel, au sud de Caen, avec un quartier général établi à Saint Pierre-sur-Dives.
Il est avéré que des blindés furent parqués sous la halle du marché et dans le parc, à l'angle des rues Fénelon et Albine. Etaient-ce ces engins avant ou après leur reconditionnement ?
De même, il a été rapporté que six garages avaient été réquisitionnés en ville. Etait-ce en lien avec cette activité ?
Les fondations des bâiments toujours visibles en forêt sont-ils les vestiges de ces ateliers ?
Ou, sinon, quelle était leur destination ?
Ce matériel transformé fut essayé sur le champ de tir en forêt.
De nombreuses maisons du parc et en ville avaient déjà été réquisitionnées par l'armée allemande dont le commandement de la Gestapo pour la région Nord-Ouest de Paris (9, 11, 11 bis avenue Eglée).
C'est tout naturellement que le Major Becker s'installa en 1942 dans le périmètre interdit aux habitants.
En 1943, s'installa aussi le Flackregiment 155 W, quartier général des missiles V1 destinés à bombarder Londres.
En 1944 l'organisation Todt construit quatre grands blauckhaus chauffés et équipés de filtration anti-gaz de combat, ainsi que quinze postes de défenses dans cette zone du parc du château, destinés à la protection du commandement de la Wehrmacht en cas de bombardement des villas réquisitionnées.
Le 11 janvier 1944, Rommel inspecta le Baukommando de Maisons-Laffitte en présence du Major Becker.
Entouré en rouge: le camp "Galliéni" derrière les "caves du nord" (toujours zone militaire)
Entouré en noir, les installations allemandes, encore visibles sur ce cliché IGN de 1949, le long du départ de l'ancienne voie ferrée menant au champ de courses en contournant le parc par la forêt
Restes du quai de chemin de fer construit en forêt en utilisant le début de la voie du "train des courses"dont le reste du parcours a été démonté en 1942, pillage des voies pour l'effort de guerre nazi.
Restes des fondations des hangars construits en forêt le long du quai de déchargement et de la route des Pavillons.
Photos Frédéric Henry
Deux des quatre blockhaus, toujours visibles, construits dans le parc de Maisons-Laffitte, destinés au haut commandement de la Luftwaffe qui supervisait la logistique des toutes nouvelles armes: les missiles V1.
Photos Frédéric Henry
Inspection le 11 janvier 1944 du Baukommando Becker par Rommel à Maisons-Laffitte, probablement sur le champ de tir, en forêt. On peut reconnaître deux blindés Hotchkiss reconditionnés.
Plusieurs de ces blindés transformés sont visibles au Musée des Blindés de Saumur.
Consultez ces quelques sites pour avoir plus de détails et de photos sur ce pan de l'histoire de Maisons-Laffitte, durant cette période
douloureuse.
Je connaissais bien ces restes de constructions de l'armée allemande en forêt, mais ignorais totalement leur destination.
Enfants, dans les années 60 à vélos nous appréciions ces chemins forestiers très bien empierrés, probablement par l'armée allemande, entre la voie de chemin de fer et la route de la Croix de Noailles.
http://panzer78.skyrock.com/3040105649-BAUKOMMANDO-BECKER.html
http://panzer78.skyrock.com/3040739109-BAUKOMMANDO-BECKER-suite.html
http://ww2-germanarmy.conceptbb.com/t208-les-vehicules-du-major-becker
http://www.dday-overlord.com/forum/viewtopic.php?t=7205
https://www.facebook.com/pg/panzerwaffe1933.45/photos/?tab=album&album_id=1105480259482280
https://www.facebook.com/pg/bunkkerarcheologie/photos/?tab=album&album_id=810725745721713
http://www.marquis78.fr/vestiges_de_guerre.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Beutepanzer
Pont construit au dessus de la voie de chemin de fer en forêt, par l'armée allemande face au pavillon de la Muette
Photos Frédéric Henry
Reconstitution par un maquettiste de l'atelier du Baukommando Becker à Maisons-Laffitte à l'été 1942.
Texte écrit par ce passionné d'histoire des blindés en présentation de cette réalisation
Nous sommes dans les ateliers du Bau Kommando Becker à Maisons-Laffite en été 1942 où les ingénieurs allemands travaillent à la mise au point du Marder I : chasseur de char armé d’un canon 75mm Pak-40 sur le châssis de la chenillette française Lorraine 37L. A l’image de cette tankette, le matériel français, russe et autre récupéré par les allemands sera systématiquement réutilisé par la wehrmacht pour des unités combattantes, des unités de police ou de luttes contre les partisans, pour l’instruction, pour les alliés Italiens et Roumains et parfois modifié avec des équipements allemands pour créer de nouveau véhicules. La 21ième Panzer Division par exemple, reformée après sa disparition en Tunisie en 43, combattra en Normandie avec ce type de véhicules hybrides réinventés sur châssis de Lorraine 37L, FCM36 et Hotchkiss. Ce Marder I, précurseur d’une longue lignée de panzerjäger, sera construit à 150 exemplaires et servira principalement sur le front de l’est. La Lorraine 37 L servira également de base pour un canon autoporté armée d’un SIG 33 en Afrique du Nord dès 1942.
Visitez son site de construction de modèles réduits de blindés du monde: http://warnerzazmodels.over-blog.com/page/2
Monument, dans le parc de Maisons-Laffitte, en hommage aux aviateurs alliés tombés pour nous libérer du joug nazi
Photo Frédéric Henry
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